samedi 29 mars 2014

Les retraites méditatives

Les retraites méditatives pour se régénérer

Dans une société sous pression, le désir de se couper du monde - pour quelques jours - se fait de plus en plus impérieux. Se retrouver, faire le point, se ressourcer, autant de raisons pour effectuer une retraite méditative. Sarah Deprugney, du Centre d'information et de documentation religieuse, revient sur cet engouement pour les retraites religieuses. Tandis que Dominique, 40 ans, nous explique ce que les retraites - en abbaye - ont changé dans sa vie...

Retraites : la mise au vert

Chaque année, des milliers de personnes, seules, en couple ou en famille, effectuent une retraite dans une communauté religieuse. Démarche spirituelle pour les uns, manière de faire le point pour les autres, la retraite répond à de multiples besoins.

Se mettre en pause

Une retraite permet d'échapper quelques jours à l'agitation et au vacarme trépidant de la vie urbaine, pour s'entendre enfin respirer. "Beaucoup éprouvent le besoin de se retrouver eux-mêmes, comme s'ils s'étaient perdus de vue ou oubliés dans les méandres de l'effervescence quotidienne, explique Sarah Deprugney, du Centre d'information et de documentation religieuse. Ils viennent ainsi s'isoler pour prendre le temps de se poser". Si l'époque est à la vitesse, s'offrir le plaisir de la lenteur est un luxe désormais accessible à tous. La retraite semble ainsi correspondre à une véritable recherche, au même titre qu'une psychothérapie, "une recherche de sens", estime Sarah Deprugney. S'aérer l'esprit, mettre un rempart entre soi et son environnement habituel, prendre de la distance avec ses problèmes, commencer un travail de deuil, tenter de mieux se comprendre : les motivations sont aussi diverses que les individus.

Un lieu ouvert à tous...

Les communautés accueillent indifféremment croyants et non croyants. Elles deviennent même de véritables lieux de séjours. "Les communautés religieuses ont modifié leur fonctionnement, indique Sarah Deprugney. Avant, elles réservaient des moments spécifiques aux retraites religieuses. Désormais, elles offrent un véritable accueil hôtelier tout au long de l'année. Les gens ne sont pas obligés d'assister aux offices et trouvent une qualité de vie, d'environnement et de silence". Le  phénomène correspondrait ainsi à une nouvelle attente. Ces nouveaux retraitants ne sont pas tous poussés par la quête d'un dialogue avec Dieu. "Certains ont envie de faire un peu le point sur leur vie, d'autres veulent se mettre au vert et savent qu'ils vont trouver une qualité d'accueil chez les religieux", commente Sarah Deprugney.

Une expérience enrichissante

Les règles de silence imposées par la retraite poussent au face à face avec soi-même. Malgré tout, les échanges restent possibles, parfois avec les autres retraitants, surtout avec certains membres de la communauté. La plupart proposent d'ailleurs un accompagnement, si le besoin s'en fait sentir. Les quelques moines avec qui le contact est autorisé apportent calme, réconfort et sérénité. Ils apprennent aux retraitants à travailler sur eux-mêmes. Pourtant, l'absence de moyens de communication peut se révéler insupportable. On est coupé du monde. Autant se poser les bonnes questions avant d'entamer une retraite. Si vous ne supportez pas la solitude et le silence, si vous ne pouvez pas vous passer de télévision ni de votre portable, mieux vaut sans doute vous orienter vers une autre démarche !

Les retraites en pratique

Les retraites méditatives apportent une solution à portée de main pour s'isoler l'espace de quelques jours et faire le point. Sarah Deprugney, du Centre d'information et de documentation religieuse, nous explique pourquoi elles sont de plus en plus plébiscitées...

Depuis quelques années, on observe un engouement croissant pour les retraites méditatives. Pourquoi ce besoin de se couper du monde ?

Sarah Deprugney : Nous vivons dans une société de consommation où l'avoir est privilégié au détriment de l'être. Pressions professionnelles, obligation de rester le plus performant possible dans tous les domaines, la compétition est constante et l'individu se perd sous des monceaux d'apparences à préserver. La retraite permet de souffler, de décompresser et de retrouver qui l'on est véritablement. On redéfinit ses désirs et on évacue le superflu acquis par automatisme. Une retraite méditative est une redécouverte de soi...

Est-on obligé de s'isoler au sein d'une abbaye pour se retrouver ?

S.D. : Qui tient absolument à s'isoler peut séjourner dans un petit hôtel à l'écart ou dans un gîte rural au fond des bois. Pour faire une coupure avec le quotidien, pas besoin d'aller bien loin. Mais pour se retrouver, de plus en plus de personnes préfèrent se retirer quelques jours derrière les murs d'un monastère, d'une abbaye ou d'un couvent. Le cadre est propice à la méditation et l'encadrement des moines bénéfique à la réflexion...

Comment procède-t-on pour choisir l'endroit de sa retraite ?

S.D. : Tout dépend de ce que l'on recherche. Mieux vaut prendre ses renseignements sur les abbayes pour connaître leur mode de fonctionnement et les règles à respecter. Les tarifs sont le plus souvent évalués en fonction des moyens financiers. Parfois même, vous déposez discrètement votre participation avant de partir. Des personnes de tous âges viennent ainsi frapper à la porte des abbayes, des couvents et des monastères. La première fois, elles ne choisissent pas vraiment le lieu et se laissent guider par le hasard. Quand elles décident d'entamer une deuxième retraite, elles restent souvent fidèles à la même communauté.

Qu'apporte une retraite méditative ?

S.D. : Malgré des moments difficiles, tous les retraitants reconnaissent la richesse d'une telle expérience. Cette pause, conjuguée au silence, est parfois salutaire. Enfin, l'atmosphère qui se dégage de ces endroits, souvent anciens, ajoute une dimension insoupçonnée. L'histoire, la liturgie, le côté spirituel, les rites, le fait d'être complètement consacré à la contemplation, à la méditation, font ressentir quelque chose de très fort, même sans être croyant . Pénétrer une communauté permet
ainsi de sortir de soi-même, de se décentrer, en étant happé dans un tourbillon spirituel. Le contact avec la nature vient ajouter une dimension plus universelle...

La retraite, pour une transformation intérieure : témoignage

Dominique, 40 ans, a effectué une première retraite en 1996 à l'abbaye de Bellefontaine, dans le Maine-et-Loire. Puis une seconde en 1998. Une expérience qui a contribué... à le transformer.

"Je ne suis pas croyant, mais j'ai toujours été fasciné par les abbayes. Depuis longtemps, je rêvais de passer de l'autre côté de ces hauts murs pour pénétrer leurs secrets. J'ai franchi le pas pour m'isoler et faire le point. Je suis atteint du sida et je sais que le psychisme a un fort impact sur ma santé. Je voulais canaliser les énergies, essayer de mieux vivre et mieux gérer ma maladie ". Le voilà donc pour une semaine dans une cellule de 5 m² , pourvue du strict minimum. " Pour moi qui ne parle pas
beaucoup, les deux premiers jours ont été très durs. Le silence est total. On n'a pas le droit de communiquer à l'intérieur du bâtiment puisque chacun est là pour se recueillir et méditer. Pendant les repas, on écoute les moines lire les journaux. Une lecture diffusée par haut-parleurs, car les retraitants ne partagent pas le même espace que les religieux. J'assiste aux offices. Sauf celle de 5 h du matin, je n'ai jamais réussi à me lever. J'ai regretté car celle de 21 h donne déjà une atmosphère assez particulière. Il fait nuit, l'église est très peu éclairée, et le chant des moines ajoute une dimension particulière. Pendant cette retraite, j'ai finalement peu réfléchi sur ma vie. J'ai beaucoup lu, je me suis promené dans le parc. J'ai essayé de comprendre pourquoi j'étais autant attiré parles abbayes, les Inuits, les esquimaux, les Indiens... Je crois que c'est l'harmonie qui se dégage de ces communautés, on s'y sent en sécurité.

Il y a une sérénité qui émane des moines. Je suis fasciné par leur calme intérieur, c'est ce que je recherche. On est comme envoûté par l'atmosphère qui jaillit des murs de cette vieille abbaye. On a
l'impression de vivre dans une autre dimension. Le lieu dégage une spiritualité, une profondeur, quelque chose qui nous met en paix avec nous-mêmes. C'est plus tard que je me suis rendu compte que cette expérience m'avait transformée. J'ai trouvé un équilibre et je gère mieux la maladie. J'ai réussi à décrocher un CDI. J'ai dû dégager une harmonie et une stabilité que je n'avais pas avant ". Depuis, Dominique est toujours resté en contact avec le moine hôtelier. " J'ai une photo de lui
dans mon salon, à côté de celle de mon médecin. Ils font partie de ma vie. Tous deux m'ont permis de prendre une trajectoire différente".

En savoir plus...

- Centre spirituel Penboc'h, 20, chemin de Penboc'h, 56610 Arradon. Tél. : 02 97 44 00 19.
- Maison de prière de Ti Mamm Doué. Beauregard. 56480 Cleguerec. Tél. : 02 97 38 06 84
- Couvent Ste-Marie de la Tourette. BP.0105. 69591 L'Arbresle Cedex. Tél. : 04 74 01 01 03
- Abbaye Sainte-Cécile. Ecrire à Villa Ste-Anne. 21 rue Jules-Alain, 72300 Solesmes.

A lire :
- Guide des lieux de silence, Joachim Bouflet, éd. Le Livre de Poche.
- Guide des pèlerinages et des lieux d'accueil spirituel, Jean-Pierre Bousquel, librairie Arthème Fayard.
- Accueil spirituel, étapes vacances repos et résidences pour retraites, guide édité par l'association St-Christophe. Tél. : 01 56 24 76 99
- Les Editions Paris-Notre-Dame publient chaque année deux fascicules :
Retraites spirituelles en France, Belgique et Suisse Francophone,
Maisons d'accueil et de prière en Ile-de-France.

© Psychonet.fr 2002

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